mercredi 5 décembre 2007

mortagne du nord

Ai passé la journée dans l'école des 2 vallées, à aller de classe en classe, les plus petits du cours préparatoire se souvenaient du "e" dans l'eau, ils devaient avoir quatre ans à l'époque. Si ce grand moment de land-art contemporain s'ancre encore quelques années dans leur mémoire, peut-être qu'un de ceux-là dira un jour sur france culture : "Je me souviens de mon premier contact avec l'art contemporain, j'avais quatre ans, un type dont j'ai oublié le nom été venu faire une installation à la confluence de la scarpe et de l'escaut, là il avait posé un "e", un "e" flottant sur l'eau, droit comme un "i", majestueux, un "e" dans l'eau". Pendant des semaines après j'avais dessiné je ne sais combien de fois ce "e" dans l'eau..."
Là le type de france culture ferait une référence comme on donne un coup de coude léger au voisin, un clin d'oeil complice, et l'émission se poursuivrait. Moi à l'autre bout je pleurerais.
On a parlé carnets, j'ai montré les miens, mes dessins au bic. Un atelier fut improvisé : deux feuilles, pliées, une fois, deux fois, trois fois, une perforeuse, des bouts de ficelles, un massicot. Chacun est reparti avec son propre carnet, très vite personalisé en pleins et déliés: "carné de secré".
Avec les plus grands, on a parlé télé, la moyenne tourne à 4 postes de télés par famille, plus de la moitié de la classe a sa propre lucarne dans sa piaule. On a parlé de sédition, du 17 avril 17, de la guerre et des premières rebellions, des tranchées qu'ils avaient visitées à Vimy sans s'en rendre compte. Trop vert. Eux attendaient la boue, gadoue et armes.
On a parlé solitude. A la question "Qui aime bien la solitude?" pleins de mains se sont levées. J'aurais pas dû creuser. Une seule aimait rentrer le soir dans sa chambre et lire au calme dans son lit. Pour le reste, la solitude rimait avec ne pas se faire emmerder par le petit frère quand je joue à la playstation. En même temps moi je jouais à Buck Rodgers, Loadrunner ou Ultima 3 sur un vieux mac.
C'est pas moi qui jetera la pierre. Juste la part des choses. J'ai essayé de leur expliquer Guy Debord, le spectacle et les corps séparés. Quand chacun dans leur chambre il regarde le même film. Ensemble mais séparés. Avec à coté l'image du feu de camp, de gens autour racontant leurs histoires. Et puis celle d'un type qui, à 50 ans, regarde sa vie passée et n'a d'autres souvenirs que ceux que la télé lui a donné...
On parle franchement. Je suis pas là pour leur faire la morale, juste être moi. Me dire.
Et en disant le mien, dire simplement la multiplicité des chemins.

J'ai retrouvé les photos du "e" dans l'eau. Je leur montrerai au prochain passage. Et eux me raméneront leurs carnets, emplis
de traces et bouts de vies.

mardi 20 novembre 2007

dimanche 18 novembre 2007

Comme s'il fallait introduire.

Autre forme de carnet. Autre lieu. Autre rapport.
Je sors mes carnets, les scanne, les place dans cette lumière de l'écran.
Là sous vos yeux, accessibles.

Ici je ne suis plus dans un rapport direct avec le territoire assigné.
Je suis déjà dans l'après, l'irrigation vers d'autres lieux.
Dans l'atelier. Travail autre.
Donner à voir l'avancée.
Là. Ici.

Le hiatus entre ces deux lieux me préoccupe.
M'occupe même. Simplement.



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intentions

20 septembre, Artiste Rencontre Territoire.
Lancement de résidence pour Dimitri Vazemsky, sur la grand place de Mortagne-du-Nord, quatre mois en mission de repérage et de rencontre sur le Parc Naturel Scarpe-Escaut et La Porte du Hainaut. Le lancement de la résidence se fera par un départ de l'artiste, symbolique, en sépia sur une vielle moto ( une Terrot de 1953 pour les curieux), le reste est silence... pour l'instant tout au moins, mais prendra forme en images, photos, dessins, croquis, notes, vidéo, installations... tournant autour du langage, des traces, de la délocalisation de l'artiste mais aussi de l'écart entre l'artiste comme personnage, comme image, et l'"acteur" (dans le sens d'"agissant", "défricheur") et le rapport à son propre présent... à suivre...

samedi 17 novembre 2007

Lignes protocolaires

Ce journal virtuel est lié à une résidence portée par la DRAC nord/pas-de-calais et baptisée "artiste rencontre territoire".
Le territoire en question sont: Le Parc Naturel Régional Scarpe Escaut & La Communauté d'agglomérations de La Porte du Hainaut.
La structure co-porteuse du projet: Tous azimuts, à Mortagne du Nord.
La durée: 4 mois.